sábado, 16 de abril de 2011

JEAN BRUNHES

Jean Brunhes, né à Toulouse le 25 octobre 1869 et mort à Boulogne-Billancourt le 25 août 1930, est un géographe français.


Biographie
Jean Brunhes devient agrégé d'histoire et géographie en 1892 après avoir été élève de l'École normale supérieure de Paris. Sur les conseils de Paul Vidal de La Blache, lauréat de la première promotion de la Fondation Thiers en 1893, il séjourne plus d'un an en Espagne, région où il étudie la matière de sa thèse future. Celle-ci, novatrice, soutenue en 1902, est intitulée L'Irrigation. Ses conditions géographiques, ses méthodes, son organisation dans la péninsule ibérique et dans l'Afrique du Nord : étude de géographie humaine. Il est chargé d'enseignement à l'université de Fribourg en 1896, puis de Lausanne en 1907, première chaire au monde où apparaît le terme « géographie humaine ».

Brunhes est un géographe atypique, qui n'a pas pu faire sa carrière universitaire en France. D'abord à cause de ses opinions politiques, puisqu'il était un catholique social engagé, proche du Sillon de Marc Sangnier[1], et ensuite par ses choix épistémologiques.

Ainsi La Géographie humaine, le manuel d’enseignement supérieur qu'il publie en 1910, comme le Traité de géographie physique d’Emmanuel de Martonne édité l'année précédente, participe à la constitution d'une géographie en plein devenir dont les concepts ne sont pas encore stabilisés. Il l'inscrit toutefois dans un champ universitaire qui légitime ses choix auprès de ses pairs, ses commanditaires et son public. La reconnaissance institutionnelle est rapide pour Brunhes, nommé professeur de géographie humaine au Collège de France dès 1912.

L'année suivante, Brunhes est distingué par le banquier et mécène Albert Kahn pour prendre la direction scientifique du projet des Archives de la planète, en premier lieu les extraordinaires collections photographiques - le géographe est un passionné de cette technique pour appuyer ses recherches sur le terrain - du Musée[2].

Élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1927, Brunhes publiera jusqu'à sa mort en 1930 de nombreux ouvrages remarquables, qui rencontreront par ailleurs un grand succès public et qui contribueront à vulgariser en France les concepts de la géographie humaine.

Une théorie très originale de l'espace
Les idées de Brunhes sont très à contre-courant du mouvement général lorsqu'il définit en 1910 ses Principes de géographie humaine de la France, ouvrage qui sera augmenté en 1912 et en 1925, où s'échelonnent plusieurs niveaux de perception des phénomènes spatiaux : d'abord la géographie des nécessités vitales (exploitation de la terre), ensuite la géographie sociale et enfin la géographie historique et politique. Sa méthode s'ordonne autour de trois séries de « faits essentiels » :

* l'occupation improductive du sol (maisons et chemins),
* la conquête végétale et animale (culture, élevage) et
* l'économie qu'il appelle « destructrice » (dévastations animales, végétales et exploitations minérales)[3].

Cette classification s'inspire de l'idée de surface et vise les objets par lesquels s'y manifeste l'action de l'homme. Cette géographie humaine a reçu un accueil très mitigé de la part des vidaliens, très sceptiques quant à cette approche qui privilégie les œuvres humaines matérielles dans leur dimension culturelle et historique (l'architecture et le génie rural par exemple) au détriment de la vision plus totalisante et abstraite défendue par la géographie jacobine de l'École normale de Paris. C'est la conception brunhienne qui prévaudra avec l'École des annales et avec ses travaux comme les Caractères originaux de l'histoire rurale française de Marc Bloch.

Oeuvres
* Michelet, Librairie Devaux, Paris, 1898.
* "Les marmites du barrage de la Maigrauge", in Bulletin de la société fribourgeoise des sciences naturelles, 1899, vol. VII, p. 169-185.
* La géographie humaine. Essai de classification positive. Principes et exemples, Alcan, Paris, 1910, 844 p.
* "Du caractère propre et du caractère complexe des faits de géographie humaine" in Annales de géographie, Armand Colin, 1913.
* Avec C. Vallaux, La géographie de l'histoire. Géographie de la paix et de la guerre sur terre et sur mer, Alcan, Paris, 1921, 716 p.
* La géographie humaine, Alcan, Paris, 1925, 2 tomes.
* "Comment s'est faite la carte de France", in La Revue Universelle, 1926, 126 p.
* Races. Image du monde, Firmin Didiot, Paris, 1930.
* Avec Pierre Deffontaines, Atlas aérien. France, Gallimard, Paris, 3 tomes, 1958.
* L'irrigation. Ses conditions géographiques. Ses modes et son organisation dans les zones arides et désertiques de l'Espagne et du Nord de l'Afrique , C. Naud, Paris, 1902, 518 p.
* Le berger dans la France des villages. Bergers communs à Saint-Veyran en Queyras (Haute-Marne) et à Normée en Champagne (Marne). Une étude comparée d'éthnologie et de géographie humaine , Éditions du CNRS, Paris, rééd. 1970.

Sources
* Musée Albert Kahn, Boulogne, Jean Brunhes autour du monde, regards d'un géographe / regards de la géographie, Vilo, Paris, 1993, 348 p.
* Numa Broc, Regards sur la géographie française de la Renaissance à nos jours, Presses universitaires de Perpignan, 1995.
* Paul Claval, André-Louis Sanguin (éd.), La Géographie française à l'époque classique (1918-1968), L'Harmattan, 1996.
* Jean-Louis Tissier, Brunhes (Jean), in Jacques Julliard, Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français, Paris, Seuil, 1996, p. 195-196.

FONTE: WWW.WIKIPEDIA.ORG

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